Ron Turcotte

Le 13 juillet 1978 : neuf jours avant son 37e anniversaire, cinq jours après sa dernière grande victoire, il est entré dans les portes de départ pour la 20,280e fois.

Assis sur Flag of Leyte Gulf, il se prépare à faire ce qu’il avait toujours fait.

Dix secondes plus tard, il criait au jockey à sa gauche, qui dérivait dans sa voie: « Jeff! Hé! Hé! Jeff! » Turcotte a tiré fort sur les rênes, essayant d’éviter une collision, mais cela n’a servi à rien.

Une autre seconde s’est écoulée et il a senti le claquement des talons de son cheval contre ceux d’un autre, puis il s’est écrasé.

Flag of Leyte Gulf tombant par en avant dans la terre.

Turcotte a jailli de sa selle comme une pierre tirée d’une fronde. Il a fait deux culbuttes en rebondissant sur le sol, se brisant le sternum, disloquant sa colonne vertébrale et écrasant deux de ses vertèbres.

Pendant les 19 années suivantes, Turcotte a eu du mal à dormir plus de quatre minutes à la fois.

Quatre minutes et il se réveillait en criant.

La douleur était toujours la même, tirant le long de sa colonne vertébrale dans un labyrinthe de nerfs endommagés, ou se resserrant dans sa poitrine juste au-dessus du point au-delà duquel tout s’est engourdi.

Il a fallu six mois pour qu’il soit assez bien pour quitter l’hôpital. « Il était déterminé à reprendre le plus de sa vie possible », se souvient sa fille aînée, Lynn.

Au printemps, il était de retour sur la piste, se roulant dans la salle des jockeys. Il a parlé de l’entraînement de certains chevaux, mais s’est finalement rendu compte qu’il s’épuisait.

En août 1979, les médecins lui recommandaient de s’éloigner du sport pour sa propre santé.

Il a ensuite acheté quatre chevaux, un pour chacune de ses filles et a commencé à leur apprendre à monter. Les jours de pluie, il sortait le projecteur et regardait des vidéos de ses anciennes courses avec sa famille.

Il a poursuivi le jockey qui l’a coupé et les commissaires de course qui ont laissé ce genre de conduite imprudente se produire course après course.

La poursuite a finalement été rejetée et Turcotte est passé à autre chose.

Il y en avait des dizaines et ils étaient tous dans le même bateau maintenant. Turcotte devient leur plus grand défenseur.

Un jour, le téléphone sonna avec un appel d’Hollywood. Il y avait un producteur sur la ligne qui demandait trois heures de son temps et les droits sur l’histoire de sa vie.

Il leur a donné le temps mais, a repris les droits quand ils lui ont montré un scénario complet avec une scène dramatique où il criait « Pourquoi moi?! » à un prêtre après l’accident. Il ne voulait pas la pitié de personne.

Parfois, lors d’occasions spéciales, il se réunissait avec les autres jockeys de la Triple Couronne et parlait du bon vieux temps.

Il n’a pas été le dernier homme à remporter la Triple Couronne –

Jean Cruguet l’a fait en 1977 sur Seattle Slew, tout comme Steve Cauthen à bord d’Affirmed un mois avant l’accident de Turcotte en 1978 – mais en 2003, il ne restait plus que trois jockeys gagnants de la triple couronne et il était le membre le plus ancien du club.

Il sait qu’il est fragile, mais il reste fort en se déplaçant dans la plupart des endroits où il va.

Il vit toujours avec sa femme dans ce ranch près de la brousse où il a grandi.

Il a terminé ses études secondaires à 48 ans et passe maintenant ses journées à surveiller ses terres et à faire des apparitions publiques occasionnelles.

Peut-être que vous serez chanceux de voir sa présence au Centre d'information Malobiannah durant votre visite chez nous !