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Allégorie de la Nouvelle-Acadie - Par Nathalie Rondeau

De la vie au trépas

Une joie féconde s’empare de la volonté de résister

L’allée s’impose, telle une voie de sagesse immortelle

Une fenêtre sur nos terres ancestrales

Une éclaircie pour un nouveau monde


Illustrant le rappel, la commémoration

Dans chaque détail un sentiment

Influente mosaïque au résultat étonnant

Les chemins convergent sur des légendes

Les arbres se dépouillent timidement de leurs secrets

Rumeurs de menaces et d’abandons

Douleurs vives sans aucune consolation

Des bancs libellés pour que jamais on n’oublie


Entre les gisants et les vivants

Des points d’attraits, grandioses

Espaces de paix, de culture

Aux résonances multiples

Des rêves plantés pour la postérité


L’histoire se révèle dans ses haltes de repos

Sa conscience s’inscrit dans le temps

Les racines de son peuple fondateur

Vibrent silencieusement sous nos pas


Dans son jeu d’images adressé aux poètes

Les œuvres évoquent toute la puissance

De cette épopée des premiers bâtisseurs

Fiers et courageux après avoir vécu

La déportation, les deuils, l’exil

Et les nouveaux commencements


Le lieu se raconte dans ce berceau acadien

Aux frontières de la nostalgie et des douces réminiscences

Enjoignant les visiteurs de passage

À écouter les sentimentales confidences


Des convergences aux mille rencontres

Des constellations d’armoiries

Des voix enfouies dans leur vertige

Son aventure sensorielle est ineffable


En sourdine, des mondes sont rassemblés

Pour notre plus grand bonheur

Ils nous voient émus, puis émerveillés

J’entends leur musique, leurs pas rythmés

Une envie immense de festoyer


Des poussières de démesure

Sur leurs tombeaux et leurs blessures

Longue complainte, humus de demain

Les fruits, les fleurs de l’imaginaire

Se déposeront dans la corbeille du temps

Telle une offrande sur l’ancrage d’exister


Dans son désir impérieux de nous faire revivre

Sa fascinante traversée humaine

Nourri du mystère à double sens

Ce parc recèle plusieurs symboles évocateurs

Transcendant les mouvements de l’esprit


On cultive maintenant l’art serein

Où la liberté cohabite avec les trajets magiques

De ces horizons fuyants, tragiques

La beauté donne de nouvelles perspectives

Un accent ramène le présent et le lointain

Des ponts s’ouvrent sur la vie d’aujourd’hui


Dans son monde intime

Jusque dans le lyrisme de son expérience universelle

Elle appartient à l’intelligence du cœur

Qui se nourrit de contemplation et de partage

Il n’y a point ici de choses inertes

Seulement des moments palpables de la vie

Il n’y a rien à clairement définir

Sinon de rester devant l’écho de nos états d’âme


Dans la clarté de ce jour d’automne

L’intuition alerte nous tient en éveil

Guettant une piste à suivre sur l’art et ses harmonies

Son champ d’exploration côtoie la pensée et le pressentiment

L’endroit aide à dissoudre les espoirs bafoués

Les archives imaginées en appellent au pardon

Dignité souveraine parsemée d’indices


Patrimoine toujours solide et fertile

La Nouvelle-Acadie s’exprime et se vit

L’amour sera toujours plus fort que la mort

La dérive a retrouvé sa rive

Et les fantômes, ses revenants


Le chant de la terre a repris son souffle

Des étincelles ont jailli des cendres

Des roses viendront bientôt parler de paix

Et les livres scelleront l’amitié des beaux jours

De la terre comme au ciel

L’honneur porte toute une vie

Si le cœur de l’Homme est bon


Héritage de l’ancien et de la modernité

Artéfacts déposés à l’adresse des disparus

Le langage des formes se conjugue

À la fulgurance des heures trop brèves

La culture est là pour nous apprendre

La poésie reste pour nous faire vibrer


Le refuge répare les fissures

Au-delà du fantasme de tous les artistes

L’alchimiste peint son tableau d’orgueil

Les enfants s’inventent des fables

Au privilège de tant d’oasis

En porte-voix de la survivance

Là où la source délivre sa connaissance


La légende des intermittences

Emprunte le sentier des origines

L’exode sacralise maintenant les mots

En litanie des encres feutrées

L’art et le savoir conjurent maintenant l’injustice du sort