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La charge raciste dans le vocabulaire
Jacob «mûlatre recherché»
L’esclavage a laissé une empreinte si profonde sur les sociétés au passé colonial que le vocabulaire en a été fortement imprégné. S’inspirant des découvertes scientifiques relatives aux espèces animales, le vocabulaire raciste fait abondamment référence aux animaux, en particulier le bétail, et à des notions de croisement des espèces.
Déshumaniser et réduire à l’état d’animal
Le terme "nègre" par exemple, vise à déshumaniser les personnes désignées, à les réduire à l’état animal, à les considérer comme les têtes d’un cheptel ou les biens d’un inventaire. Les expressions mulâtre, bâtard, sang mêlé et les insultes racistes référant aux singes témoignent aussi de cette stratégie.
Légende photo: Montréal n'a pas échappé au phénomène des zoos humains. En 1861, l'entreprise montréalaise J.E. Guilbault exhibe au jardin Guilbault, aux limites du Faubourg Saint-Laurent, trois membres de la famille Rudolph Lucasie, des Malgaches atteints d'albinisme, tous les jours de 9h jusqu'à 19h. Publicité publiée dans le journal La Minerve du 20 août 1861.
Légende photo: La Minerve - 6 septembre 1862
Avec le temps et les brassages génétiques largement dus aux viols des esclaves par les propriétaires, des divisions coloristes sont apparues dans le monde atlantique, telles quatron (quart de sang noir) et octoron (huitième de sang noir). Les enfants nés de ces rapports étaient classés en fonction de la clarté de leur couleur de peau. Plus leur peau était claire, plus ils pouvaient obtenir de privilèges. Ce phénomène s’observe dans toutes les sociétés au passé colonial. C’est ce qu’on appelle la dynamique du colorisme.
Droits à l’égalité et au respect de la dignité
En essentialisant les personnes racisées, le vocabulaire raciste nie leur appartenance à la communauté humaine, pourtant proclamée dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Le droit à l’égalité est inséparable du droit au respect de la dignité: traiter une personne ou un groupe différemment des autres sur la base de ses caractéristiques personnelles porte atteinte à ces deux droits à la fois.
Par exemple, refuser à une personne de s'asseoir dans un restaurant ou un autobus à cause de la couleur de sa peau est une pratique discriminatoire qui porte atteinte au droit à l’égalité. Une telle pratique est interdite au Canada en vertu des Chartes canadienne et québécoise.
Un tel traitement porte atteinte à la dignité de la personne qui entraînent des préjudices (conséquences). C’est sur cette base que la personne discriminée est en droit d’exiger réparation. La Charte québécoise prévoit aussi l’interdiction pour quiconque de harceler autrui sur la base de motifs discriminatoires, dont la couleur de peau.