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Transcription: « Le J.E. Bernier II : un petit voilier mené par un grand rêve»

Cette page comprend la transcription écrite de cette balado.

Près de l’œuvre Cairn se trouve un voilier de plaisance, le J.E. Bernier II.

Le plus petit de nos bateaux dans le parc fluvial n’est certainement pas le moindre. Cette embarcation de plaisance a relevé un défi immense : effectuer le mythique passage du Nord-Ouest, cette route maritime nordique qui est décrite dans un autre segment du balado. C’est en 1975 que nait, dans l’esprit du navigateur Réal Bouvier, l’idée de réaliser un grand projet maritime. Paradoxalement, il se trouve dans les Antilles lorsqu’il imagine cette expédition dans les glaces de l’Arctique. Lui et sa complice Marie-Eve Thibault se lancent dans une folle aventure qui leur fera quitter la marina de Lachine, au Québec, le 30 juin 1976, à peine 10 mois après en avoir eu l’idée. Cela représente un exploit en soi, car ce genre de projet se conçoit généralement sur plusieurs années. Mais la passion va s’avérer plus forte que tout. Elle motive les troupes, qui font construire ce bateau et trouvent des commanditaires, dont la Canada Steamship Lines, qui finance cette construction. Les membres d’équipage laissent plus ou moins en plan leurs emplois respectifs afin d’accomplir le rêve d’une vie.

Quand on y pense, il y a plusieurs parallèles à faire avec la ferveur qu’a montrée jadis le capitaine Bernier dans sa quête pour explorer l’Arctique…

Dans les deux cas, les embuches rencontrées sont surmontées, tant dans la préparation que dans la réalisation du projet. Dans les deux cas aussi, on retrouve, dans le caractère des protagonistes, la vision d’un but à atteindre ainsi qu’un amour véritable de l’aventure, de la liberté et de la beauté du continent de glace. Trois saisons seront nécessaires pour effectuer le trajet de Montréal à Vancouver, et une quatrième pour ramener le bateau au Québec et circumnaviguer l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale via le canal de Panama. Entre grandeurs et misères, les différents équipages qui prennent part à l’aventure naviguent à travers les glaces de l’Arctique en affrontant une nature plus forte que tout. L’ile Beechey, où passent les bateaux effectuant le passage du Nord-Ouest, leur rappelle d’ailleurs que la mort a été le lot de plusieurs explorateurs avant eux. Avec les tombes des marins de la tristement célèbre expédition Franklin, dont aucun membre n’a survécu, l’ambiance lugubre de l’endroit commande le respect. Une chose qui m’impressionne, c’est de voir la cavité laissée sur la coque du J.E. Bernier II lorsqu’il était pris un moment dans la glace, qui en a renfoncé une petite section. Je t’invite à observer attentivement la coque du voilier pour la trouver. Il y aurait tant à dire sur cet incroyable voyage du J.E. Bernier II! Tu peux suivre son itinéraire sur la carte de granite dessinée au sol. Cette carte montre à la fois le parcours de l’Arctic, le bateau de Joseph-Elzéar Bernier en 1909, et celui du voilier. Quelques décennies plus tard, le J.E. Bernier II porte le nom du célèbre capitaine et mène l’équipée de jeunes rêveurs et rêveuses dans une expédition digne des plus grands exploits de Bernier.

Voilà ce que j’appelle la transmission d’une passion!