0

Création du camp de Conlie en novembre 1870

Paris étant assiégé, Léon Gambetta, ministre de la Guerre du gouvernement de la Défense nationale décide de mobiliser largement pour préparer la libération de la capitale. Onze camps sont ainsi aménagés dans l'hexagone.

Près de 60 000 hommes passent par le camp de Conlie entre novembre 1870 et janvier 1871. DR

Paris étant assiégé, Léon Gambetta, ministre de la Guerre du gouvernement de la Défense nationale décide de mobiliser largement pour préparer la libération de la capitale. Onze camps sont ainsi aménagés dans l'hexagone. Émile de Kératry, ancien préfet de police de Paris, propose à Gambetta de réunir une armée constituée de soldats des départements bretons. Celui-ci accepte et le nomme général par décret le 22 octobre. Kératry choisit Conlie pour établir un camp de 500 hectares pouvant accueillir 50000 hommes sur la butte de la Jaunelière. Les premiers hommes arrivent début novembre 1870 et leur nombre augmente rapidement. Construit sur un sol argileux, le camp de Conlie devient rapidement un bourbier inextricable que ses occupants surnommeront "kerfank", la ville de boue. La fièvre typhoïde et la variole font leur apparition. Mi-décembre, la démission d'un médecin militaire, oblige Gambetta à ordonner l'évacuation des bataillons non armés. Mal équipés, souvent chaussés de sabots, cantonnés dans des tentes prenant l'eau, les mobilisés bretons ne peuvent pas s'entraîner. Les cadres manquent et l'armement promis par le ministre de la Guerre fait défaut. Cette situation concerne d'ailleurs tous les régiments improvisés au cours de l'automne qui subissent cette pénurie d'armes. Faute de fusils, le maniement des armes s'acquiert avec des manches à balais... Kératry supplie le ministère de la guerre de lui fournir des fusils, notamment 3200 chassepots, fusils modernes se chargeant par la culasse, disponibles dans l'arsenal de guerre. Malgré les promesses du ministre, rien n'arrive. Gambetta se méfiait-il de cette armée issue de départements Monarchistes ? Si le sujet fait débat au sein du gouvernement, la cause semble due à des problèmes d'intendance plus qu'à une intention politique.

De 9000 à 10 000 Bretons vont combattre au Mans. Certains postés au sud, avec des armes défaillantes, près du Tertre rouge, sont surpris par les Prussiens qui dès lors s'emparent de la ville. D'autres participent à la charge héroïque d'Auvours. Deux dépêches annoncent ces faits, mais seule la première est diffusée dans le pays, laissant croire que la défaite est due aux Bretons. Cette mention a longtemps suscité en Bretagne une défiance envers Gambetta et la république.