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Le forgeron, les Compagnons, et la Forge à Bérubé

Le forgeron Louis-Philippe Bérubé devant la boutique de forge, avant 1970.
Photo: Gracieuseté de la famille Bérubé.

Quelle est l'histoire de la Forge à Bérubé?

Vous vous trouvez dans une ancienne boutique de forge, qui était tenue par le forgeron Louis-Philippe Bérubé. Celui-ci travaillait le métal et le bois en ce lieu, avec les outils que vous pouvez voir à différents endroits dans la Forge.

Inspirée par l’histoire de ce lieu de paroles, d’échanges d’anecdotes et de rumeurs, l'équipe fondatrice de l'organisme Les Compagnons de la mise en valeur du patrimoine vivant de Trois-Pistoles décide d’en faire en 1997 le lieu improbable du premier festival de contes en région alors que le forgeron Bérubé y œuvre encore. Quelques années plus tard, le forgeron Bérubé vend la Forge aux Compagnons, qui la transforment officiellement une salle de spectacle.

Lors des premières éditions du Rendez-vous des Grandes Gueules, l'entrée de la Forge se situait du côté nord, et la Forge était recouverte de bardeaux d'asphalte. Cette photo date de 2003.

À ce moment, il reste beaucoup de rénovations à entreprendre avant que la Forge ait l'allure qu'elle a aujourd'hui!

Michel Leblond, animateur du Rendez-vous des Grandes Gueules pendant 20 ans, lors d'une des premières éditions du festival. Vous pouvez constater comme l'intérieur a changé en plus de 25 ans!
Photo par Gilles Gaudreau, ca. 2000.
Photo par Gilles Gaudreau, ca. 2000.
Photo par Gilles Gaudreau, ca. 2000.

Un peu d'histoire: qui était le forgeron Louis-Philippe Bérubé?

Le forgeron Louis-Philippe Bérubé est né le 1er août 1915 à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Il est le 18e d’une famille de 21 enfants dont 5 sont devenus forgerons. Ses parents étaient cultivateurs. 


Après avoir amorcé des études classiques pour devenir prêtre, il devient apprenti forgeron à 19 ans auprès de son frère Arthur Bérubé, forgeron à L’Islet, puis de son frère Paul-Émile Bérubé, forgeron à Saint-Louis-du-Ha! Ha!. À l’âge de 25 ans, il part faire le tour de sa région en taxi « à 0,05$ du mile » pour trouver une boutique de forge à acheter (citation du Courrier de Trois-Pistoles).


C’est donc en 1941 qu’il achète la boutique de forge du forgeron Hypolite Caron, à Trois-Pistoles.

Une partie de la famille du forgeron Louis-Philippe Bérubé en pleine tempête de neige, devant la forge, avant 1970.
Photo: Gracieuseté de la famille Bérubé.

La boutique n’était plus utilisée depuis plusieurs années et était un peu délabrée. Il retape le toit en une semaine puis ouvre sa boutique: il est prêt à recevoir ses premiers clients.


Après deux premières années difficiles, le forgeron pense à fermer boutique. Mais sa persévérance le récompense et la boutique de forge est prospère pendant le reste de sa vie professionnelle. L'achalandage est constant et le forgeron est passionné par son métier: il travaille six jours par semaine, de 6h30 à 23h le soir, avec de courtes pauses pour les repas.


« Des fois, les voisins n'aimaient pas ça, parce qu’il claquait du marteau sur l’enclume assez tard! ».

- Rita Bérubé, fille du forgeron

Le forgeron Louis-Philippe Bérubé en compagnie de ses enfants, devant la boutique de forge.
Photo: Gracieuseté de la famille Bérubé.
La forge à Bérubé à la suite de l'incendie de 1970. C'est dans la boutique de forge reconstruite après cet incendie - qu'on voit s'esquisser en bas à droite - que vous vous tenez en ce moment.
Photo: Gracieuseté de la famille Bérubé.

Vers la fin de sa vie, le forgeron commençait à travailler plus tard et finissait plus tôt. Il vendait du fer et de petites pièces et réalisait de la petite soudure, de l’affûtage et diverses réparations. Jusque dans les années 1990, l’achalandage était constant mais fluide dans la boutique.


« Lors de ma dernière visite, M. Bérubé m’avait affûté toutes mes mèches et forêts émoussées, qui pouvaient ensuite fonctionner comme du neuf! ».

- Jérôme Bélanger, client régulier du forgeron

Louis-Philippe Bérubé travaillant sur une pièce détaillée.
Photo: Gracieuseté de la famille Bérubé.

Des témoignages élogieux et admiratifs

Le forgeron Louis-Philippe Bérubé était grandement apprécié par la communauté à laquelle il a participé tout au long de sa longue carrière. Les témoignages sont tous élogieux, admiratifs et émotifs. En voici quelques-uns.


« M. Bérubé aura 75 ans le mercredi 1er août, ce qui ne l’arrête nullement pour faire ses journées complètes à la forge. Sûrement parce qu’il aime travailler; sûrement parce que dans ses mains, la matière prend vie. Il nous dit d’ailleurs qu’il est de beaucoup préférable de vieillir par l’usure que de vieillir par la rouille ».

- Le courrier de Trois-Pistoles, Au coin Vézina et Roy, à Trois-Pistoles: M. Louis-Philippe Bérubé manie le marteau et l’enclume depuis maintenant 50 ans, 1990.

 

« Louis-Philippe Bérubé fut toujours considéré comme un travailleur acharné et compétent dans son métier qu’il a exercé à la Forge à Bérubé. [...] On a dit que c’était un artisan de cœur et de talent et qu’il prenait plaisir à façonner la matière. Il a toujours bien porté sa salopette et son bonnet de soudeur ».

- Société d’histoire et de généalogie de Trois-Pistoles, Des p’tites Histoires de Trois-Pistoles, 2011.


« C’était un homme qui était droit. C’était un monsieur, on peut dire, extraordinaire. On arrivait là il était tout le temps de bonne humeur, pis il demandait qu’est-ce c’est que t’as à faire faire, là tu lui montrais ça. Pas de problème, je vas te faire ça! Il nous disait reviens dans deux jours, trois jours ». 

- Théodore Dumont, 94 ans, client de longue date du forgeron, 2022.

Promenez-vous dans la Forge et scannez les prochaines affiches pour en apprendre plus sur le métier de forgeron et les outils!