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La caricature comme outil de déshumanisation

André «une bouche extraordinairement grande»

L’avis de recherche présente André comme une caricature de lui-même. Pour justifier leurs pratiques esclavagistes, les empires coloniaux ont développé une idéologie catégorisant et hiérarchisant les êtres humains en fonction de la couleur de peau : le racisme. Les catégories ainsi crées ne reposent sur aucun fondement scientifique; il s’agit d’une fabrication pour légitimer des actes barbares tels la Traite transatlatique des esclaves et les génocides. Dans les sociétés au passé colonial, des caricatures accentuant les traits distinctifs d’une personne ou d’un groupe racisé circulent souvent, attisant le mépris envers eux. Les personnes et groupes racisés se trouvent effacés derrière ce masque caricatural qui leur assigne une identité homogène, stéréotypée et fausse.

Le «blackface»

Légende photo: M. Hickey, artiste de théâtre "blackface", Montréal, QC, 1896 Wm. Notman & Son 1. II-115182.1 © Musée McCord.
Au temps des cabarets et dans les débuts du cinéma, les acteurs et comédiens blancs (et parfois noirs) s’enduisaient le visage de cirage noir et se peignaient des lèvres démesurées pour accentuer les traits associés aux personnes noires. Les personnages joués étaient pratiquement toujours présentés comme stupides, serviles et hypocrites. Au Québec, la pratique dite du «Blackface» a eu cours très longtemps, la première représentation ayant eu lieu en 1843 près de la Porte St-Louis à Québec puis au Théâtre Royale à Montréal. Plus récemment, on n’a qu’à regarder des extraits télévisés des dernières décennies pour éprouver un malaise devant le portrait caricatural et stéréotypé fait des personnes noires.

Égalité et dignité

Tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi. Le respect de la dignité, ce droit fondamental, reconnu à toute personne humaine comprend entre autres le droit de vivre sans être la cible d’attaques, d’insultes, de railleries ou de propos offensants, discriminatoires ou racistes. La dignité de la personne est aussi atteinte lorsqu’une personne est exposée à un traitement différent sur la base de sa «race», cette division imaginaire qui découle de l’esclavage et de la colonisation, de sa couleur, de son origine ethnique ou nationale, de sa langue, de sa religion ou de l’un ou plusieurs des 14 motifs interdits de discrimination prévus dans la Charte des droits et libertés de la personne.