Église de Saint-Pascal-de-Kamouraska
Présentation du circuit
Un bout d'histoire de Saint-Pascal-de-Kamouraska
Vous connaissez l’expression « être aux anges » ? Elle a probablement été prononcée pour la première fois lors d’une visite à l’église de Saint-Pascal-de-Kamouraska. Ici, quatre archanges géants, sculptés dans le bois, sont chez eux. Si elle n’a pas eu la vie facile, l’atypique famille reconstituée donne des ailes à cette église construite à partir de 1845.
Visant à remplacer la première chapelle en bois de la paroisse, ce temple est édifié pour un montant de 7000 $ par Jean-Baptiste Hébert, père du curé en poste. D’inspiration néo-Renaissance, il reprend des composantes du classicisme italien, notamment avec un chœur en forme de demi-cercle repoussé vers l’extérieur.
L’aménagement de l’intérieur et la fabrication du mobilier sont confiés en 1853 à l’architecte François-Xavier Berlinguet, un enfant de la balle dont la faste carrière se trouve alors à ses balbutiements. Dans un style néoclassique, il conçoit tout le décor, dont il ne subsiste aujourd’hui que quelques éléments, dont des ornements dans le chœur et le tombeau du maître-autel.
En 1870, un important séisme endommage l’édifice ; les deux tours et le clocher sont particulièrement ébranlés. La façade doit être refaite. À la demande du curé qui revient d’un voyage en Italie, l’architecte Georges-Émile Tanguay ajoute un portail semblable à celui de la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. Rien de trop beau pour la classe religieuse ! Les travaux sont exécutés vers 1887 et permettent du même coup d’agrandir l’espace. En 1900, le chanoine Alphonse Beaudet entreprend la restauration intérieure, faisant ajouter une scène du souper d’Emmaüs en bas-relief doré sur la porte du tabernacle.
Une commande est par la suite passée au sculpteur Louis Jobin, maître des saintes représentations : la fabrique souhaite orner de sculptures les quatre coins du clocher de sa nouvelle façade. Entre 1891 et 1894, l’artiste s’attelle à la création de quatre archanges de 3,7 m de hauteur, en morceaux de pin assemblés et recouverts d’une couche de plomb. Bien qu’elles soient destinées à toucher les étoiles et à être vues de loin par les simples mortels, ses statues raffinées de Michel, Raphaël, Gabriel et Uriel impressionnent par leurs détails physionomiques.
En 1925, la terre tremble encore. Uriel tombe du ciel et ne s’en remet pas. La famille perd un membre. Plein de bonnes intentions, l’artiste local Auguste Dionne le ressuscite en sculptant de nouveau cet ange tenant une couronne de laurier. Il sera dès lors semblable, mais différent du reste de la fratrie. Un cousin plutôt qu’un frère. Dionne donnera aussi un coup de main pour réparer le baldaquin du retable qui s’est affaissé, une création de Berlinguet.
Dans le chœur, on peut notamment admirer deux tableaux importants de Charles Huot, un dieu de la peinture murale au Québec, soit Sainte Marguerite-Marie Alacoque et Saint Pascal Baylon. Ancien étudiant du Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière, cet artiste peintre s’est perfectionné à l’École des Beaux-Arts de Paris avant de revenir au Québec pour réaliser des contrats d’art sacré.
L’église de Saint-Pascal est la première au Canada à acquérir, en 1963, un orgue mécanique à trois claviers, qui rompt avec la tradition d’une conception germanique. Fabriqué par la maison Casavant Frères, l’instrument avant-gardiste prend le relais de l’orgue original qui ne répond plus aux besoins.
Vers 1975, les quatre archanges redescendent du ciel, cette fois en sécurité, pour être restaurés. Constatant l’état de leur dégradation, la fabrique décide de les libérer de leur manteau de plomb et de les conserver dorénavant à l’intérieur. L’année suivante, le gouvernement du Québec les classe comme biens culturels. En 1995, les archanges, plus légers et apaisés, sans aucune apocalypse à combattre ni aucun nuage à affronter, prennent leurs postes actuels de part et d’autre de l’entrée. Ils laissent aux fidèles le loisir de les contempler de près, sans le soleil dans les yeux.