Église Saint-Patrice
Présentation du circuit
Un bout d'histoire de l'église Saint-Patrice
Située sur une rue achalandée et bordée de commerces, la majestueuse église Saint-Patrice occupe depuis 1855 la place d’honneur d’un quartier de Rivière-du-Loup grouillant de vie. Elle est la sage voisine d’un parc, où les amoureux patinent main dans la main en hiver, et d’un amphithéâtre extérieur, où les spectateurs chantent en chœur en été.
Au 18e siècle, le développement du territoire s’est plutôt effectué le long du fleuve. Les premières chapelles se trouvaient d’ailleurs au bord du rivage et à l’extrémité ouest. Dans les années 1820, les seigneurs Fraser entreprennent de lotir leur domaine. L’embryon du noyau villageois prend forme et la municipalité de village de Fraserville est fondée en 1850, s’appuyant sur la proximité de la rivière pour ses activités préindustrielles et commerciales. Le secteur bouillonne alors, grâce à l’affluent de travailleurs au moulin à scie Caldwell. Au terme de chicanes de clocher, les partisans du village l’emportent sur les gens de la campagne, et l’église de la rue Fraser est abandonnée. Le bois de l’ancien lieu de culte servira même à construire la sacristie de cette nouvelle maison de Dieu.
Un jeune prodige de l’architecture, nul autre que Charles Baillairgé, se voit confier ce projet pharaonique pour l’époque. En moins d’un an, les échafauds sont retirés. La structure de style néogothique, inspirée par la tradition médiévale avec ses ouvertures à arc brisé et ses contreforts surmontés de pinacles, est prête à temps pour célébrer Noël en 1856. Le clocher central est ajouté en 1870.
En raison de problèmes de financement, la finition de l’intérieur est retardée. Les travaux sont en cours de réalisation quand, en 1883, un incendie causé par le système de chauffage ravage l’édifice. On demande alors au peintre montréalais et professeur d’art Napoléon Bourassa de concevoir les plans de la reconstruction à l’intérieur des murs de pierres restés debout. Ce créateur dessine aussi le maître-autel. Fondateur de l’Académie des Beaux-Arts du Canada, Napoléon Bourassa est le gendre de Louis-Joseph Papineau, figure importante du nationalisme québécois, et le père d’Henri, fondateur du journal Le Devoir et figure politique notoire.
Le prolifique architecte David Ouellet supervise ce deuxième chantier, faisant ajouter deux nouvelles ouvertures dans la façade et modifiant la forme des contreforts du clocher. Joseph Gosselin, un entrepreneur de Lévis qui travaillera plus tard sur l’église de la paroisse Saint-Ludger, effectue le boulot estimé à 48 000 $. Dans les mêmes années, Ouellet concevra également le presbytère adjacent et le couvent des sœurs du Bon-Pasteur (aujourd’hui la Maison de la culture).
Vers 1895, 17 apôtres et évangélistes de 1,8 m, sculptés dans le bois par Louis Jobin, se nichent dans les hauteurs de la nef, épiant discrètement les croyants qui défilent au confessionnal. Une de ses œuvres est maintenant remisée dans la cave du presbytère.
Derrière le maître-autel, on peut admirer le tableau La Résurrection, peint en 1901 par Charles Huot, un ancien élève des ateliers d’Alexandre Cabanel et de l’École des Beaux-Arts de Paris. C’est ce même artiste qui signe le chemin de croix, installé en 1902.
En 1895, un orgue à tuyaux de la maison Casavant Frères est installé au coût de 3200 $, d’après un devis préparé par l’organiste de la basilique Notre-Dame-de-Québec, Gustave Gagnon. Le buffet est conçu par Napoléon Bourassa et intègre un ange musicien de Louis Jobin. Dans le but d’améliorer le son de l’instrument, la compagnie Guilbault-Thérien de Saint-Hyacinthe mène de vastes travaux de restauration en 1989.
En 1997, la façade de l’église est entièrement rénovée par la firme d’architectes Casgrain et Pelletier et P. B. Maçonnerie.
La hauteur de l’église lui confère sa beauté, certes, mais cause aussi sa fragilité. En 2017 et 2019, des rafales de 100 kilomètres à l’heure font vaciller le clocher, donnant la frousse au voisinage. On effectue alors des travaux d’urgence pour solidifier la structure plus que centenaire. Qui sait si quelques fantômes d’artisans n’ont pas été appelés à la rescousse du fond du ciel pour le sauver d’une chute fatale…