Église Saint-Bartholomew
Présentation du circuit
Un bout d'histoire de l'église Saint-Bartholomew
Érigée à un coin de rue ordinaire d’un quartier résidentiel tranquille, l’église Saint-Bartholomew intrigue par son architecture singulière et son lugubre cimetière. Ça tombe bien, car elle en a long à raconter sur l’histoire de Rivière-du-Loup ! Qui se doute qu’un ancien premier ministre du Canada y a déjà eu ses habitudes ?
Debout depuis 1841, cette église anglicane témoigne avec éloquence de l’important rôle qu’occupe la communauté anglophone dans le développement de la ville. Les vétérans de la guerre de 1812 et les immigrants d’origine britannique forment la première vague d’habitants à s’installer sur le territoire de la seigneurie à partir du début du 19e siècle. Malcom Fraser vient tout juste d’hériter de la seigneurie de son père Alexander, décédé en 1837. Il fait enterrer son père sur le domaine et offre le terrain au diocèse anglican de Québec pour que la population grandissante se dote enfin d’un lieu de culte.
Fils d’un menuisier charpentier, Charles Touchette, un architecte de Québec qui réalise des résidences pittoresques, obtient le contrat. Il vient de terminer à Pointe Sèche (aujourd’hui Saint-Germain-de-Kamouraska) le manoir de John Saxton Campbell, un notable d’origine anglais à la tête d’un chantier naval. Tout l’été, Touchette voyage entre Québec et Rivière-du-Loup dans une goélette fournie par le syndic de l’église, transportant les ouvriers et les matériaux, fournis eux aussi. Il élèvera cette église en quelques mois, mais il n’en fera pas une carrière : ce sera la seule construction religieuse de Touchette à être coiffée d’un titre patrimonial.
Expression de l’identité britannique dans toute sa modestie, le style néogothique représente, dans ces années, le summum du chic chez les anglicans. Toute en bois, l’église Saint-Bartholomew ne fait pas bande à part, ajoutant à sa structure rectangulaire simple des fenêtres à arc brisé et une tour-clocher surmontée de créneaux et de pinacles. Des familles anglophones aisées des alentours, dont les King qui règnent sur le commerce du bois à Saint-Pacôme, font don de certains objets comme des vitraux intérieurs.
Dans les années suivant la première messe, le nombre de paroissiens croît de façon marquée, porté par l’arrivée massive d’ouvriers de la scierie des Caldwell, puis du chemin de fer à partir des années 1870. Ces immigrants de confession protestante sont originaires d’Irlande, d’Angleterre ou d’Écosse, pour la plupart. Ils transitent par les provinces maritimes ou arrivent directement à Québec, avant de migrer vers l’est. Vers la fin du 19e siècle, c’est au tour des riches villégiateurs de fréquenter les offices. John A. Macdonald, premier ministre du Canada et père de la Confédération, vient notamment y réciter ses prières lors des séjours à sa résidence d’été louperivoise.
La population anglophone et anglicane de Rivière-du-Loup commencera à décliner vers le milieu du 20e siècle. Dès 1979, des messes en français y seront célébrées.
En 1998, au cours d’importants travaux de restauration, les fondations et les planchers sont réparés et solidifiés. Les finis intérieurs de même que les vitraux sont rafraîchis. En 2000, le muret de pierres ceinturant le site est également remis à neuf.
Encore aujourd’hui, l’église Saint-Batholomew conserve sa superbe. Ne serait-ce que pour honorer la mémoire des seigneurs Fraser qui reposent dans le cimetière adjacent pour l’éternité, le jeu en vaut le lampion.