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Chapelle de Rivière-Bleue

Présentation du circuit

À écouter si vous visitez votre première église. Bon circuit !

Un bout d’histoire de Rivière-Bleue

Inaugurée en 1923, la chapelle au Pied-du-Lac charme au premier regard, avec ses habits bleu pâle, en ton sur ton avec le ciel lors des journées claires. Cette sobre mais coquette construction pique aussi la curiosité en dévoilant la présence d’une communauté protestante dans ce coin reculé du Témiscouata au début du 20e siècle.


Au fait, comment une telle communauté, opposée à la toute-puissante religion catholique de l’époque, a-t-elle pu s’enraciner dans cette contrée sauvage et primitive ? Seuls de courageux trappeurs habitent cette forêt au moment où la construction du chemin de fer du Transcontinental se met en branle. Ce chantier gigantesque incitera des groupes de travailleurs à s’aventurer dans les terres vierges pour venir y exploiter la principale matière première : le bois. 


Parmi les premiers colons et investisseurs attirés par les sirènes du train et des moulins, plusieurs proviennent du Nouveau-Brunswick et du nord-est des États-Unis. Originaires du Maine, Joseph Gaudreau et Luc Pelletier, deux protestants pratiquants, s’installent au Pied-du-Lac-Long (le secteur Rivière-Bleue d’aujourd’hui), où ils participent à la conversion de plusieurs habitants. Ils encouragent également la migration d’autres protestants francophones des États-Unis.


Leur communauté croît si rapidement que les complices demandent bientôt à la Mission de la Grande Ligne, un organisme de soutien aux protestants francophones du Québec, de les aider à implanter des services. La décision de construire une église sur un de leurs terrains s’impose en 1921. Les 225 fidèles commencent à se trouver à l’étroit dans la maison utilisée jusque-là comme lieu de culte. 


Le projet est confié à l’architecte Delphice Goyette, bien connu en Montérégie. Sur place, le pasteur d’origine française Henri Lanctin supervise le chantier, avec l’aide du contremaître Jean-Baptiste Lepage. Plusieurs hommes des familles fondatrices, dont les Cassista, Gosselin et Guérette, mettent la main à la pâte de façon bénévole. Grâce à leur habileté, la chapelle ouvre ses portes un an plus tard, ainsi que la petite école qu’elle abrite.


Typique des églises protestantes, la construction est simple, aux antipodes de l’ostentation des temples catholiques qui poussent alors comme des champignons. De style forestier classique, la bâtisse rectangulaire compte 24 fenêtres, dont les vitres sont importées de Belgique, et une cloche fabriquée en Angleterre en 1861. La chapelle est recouverte de bardeaux de cèdre et le toit, de tôle galvanisée. Quant à l’intérieur, il est constitué de deux pièces principales : la salle de culte et la classe-cuisine. L’investissement total se chiffre à 4000 $, dont les trois quarts seront déjà payés lors de l’inauguration.


L’ameublement et la décoration s’avèrent aussi modestes, ce qui représente bien cette communauté marginale moins fortunée que celles des grandes villes. À quoi bon accrocher des tableaux quand le plus beau s’imprime chaque jour sur le lac, où les montagnes verdoyantes se miroitent ?


Victime de quelques déboires et tourmentée par un clergé catholique allergique à toute dissidence, la communauté protestante amorcera un lent déclin quelques années seulement après l’ouverture de sa chapelle. Symbole de cette petite bulle protestante, l’église s’obstinera à maintenir ses activités jusqu’en 2016, où elle laissera officiellement tomber sa vocation religieuse.

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