Histoire culinaire de Montréal
Histoire de Montréal à travers sa gastronomie, par Amélie Masson-Labonté - STORICA
Ville créative, festive, exubérante et diversifiée, Montréal est une destination gastronomique où les plaisirs de la table sont infinis. Grâce à ce circuit en 5 étapes découvrez les dessous inédits de l’histoire culinaire de la ville à travers les bâtiments, les événements marquants et les communautés culturelles qui ont participé à son développement.
SUCRE ET DISTILLERIES - Du rhum et de la mélasse à l’alcool de grain
Au début du Régime français les habitants de Montréal sont ravitaillés en vins français et espagnols par des navires en provenance de Larochelle. On les fournit également en eaux-de-vie et rhum des Antilles, en sucre et en mélasse également.
Découvert au contact du peuple Huron et Iroquois, la fabrication de sirop d’érable est elle aussi présente dès les premières années de la colonie. Un savoir-faire qui s’avère fort utile à l’hiver 1702 lorsque les navires britanniques bloquent l’entrée du port de Montréal aux vaisseaux de ravitaillement français. Sous la houlette d’Agathe de Saint-Père les montréalais organisent la première production commerciale de sucre d’érable au monde qui se chiffre à l’époque à 30 000 livres par an! On trouve des produits de l’érable dans de nombreux commerces montréalais, notamment chez Délices Érables & Cie de la rue Saint-Paul ou encore au Marché Bonsecours métro Champ de Mars .
Le commerce triangulaire sous le régime français permet d’obtenir la mélasse des Antilles à très bon prix. C’est aussi un siècle ou les gens ont le goût du sucre. On distille donc à l’époque toutes sortes de liqueurs fruitées (cerises, abricots, baies) et surtout des rhums, tafias et guildives. Les saveurs des spiritueux Rosemont, des rhums blancs, bruns, épicés et même à l’ananas de la Distillerie de Montréal, offrent un voyage aromatique dans un univers de saveurs prisées sur l’île depuis l’époque de la Nouvelle-France. Un détour à la rhumerie Baracca MétroMont-Royal vaut aussi le détour.
C’est un fait peu connu mais le passage du régime français au régime anglais opère tout un changement dans l’univers des alcools. Comme il sonne le retrait des tarifs préférentiels sur les importations de mélasse l’industrie transitionne progressivement vers l’alcool de grain. Un choix facile puisqu’avec l’arrivée du chemin de fer en 1836 et la construction du Canal de Lachine Montréal devient la plaque tournante du commerce des céréales cultivées dans l’Ouest Canadien. Sous le régime anglais les taxes imposées sur l’alcool importé créent aussi un boom dans l’industrie. En 1840 le Canada compte plus de 200 distilleries! C’est l’heure de gloire du Whisky Canadien.
Durant la prohibition américaine qui sévit entre 1920 et 1933, l’homme d’affaires montréalais Samuel Bronfman propriétaire de la Distillerie Seagram a la brillante idée de préparer d’importante quantités de whisky vieilli pour la réouverture du marché américain. Un éclair de génie qui fait sa fortune et propulse Seagram au sommet mondial des entreprises de distillation. C’est aussi Samuel Bronfman qui décide d’embouteiller le whisky dans de jolies bouteilles de verre pour faire oublier l’image ternie des barils de whisky charriés par les bootlegger en contrebande le long de la frontière canado-américaine.
De nos jours, la Distillerie du Vieux-Montréal métro Square-Victoria-OACI offre des visites guidées de « l’épicentre de l’industrie du Whisky Canadien » établie grâce au succès légendaire de Samuel Bronfman. Ses passerelles suspendues permettent d’admirer toutes les étapes de production du produit et de s’immerger dans l’histoire de l’empire Seagram. Dans l’arrondissement du Sud-Ouest la Distillerie Cirka offre aussi des visites guidée et des cours de mixologie.
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