Histoire culinaire de Montréal
Histoire de Montréal à travers sa gastronomie, par Amélie Masson-Labonté - STORICA
Ville créative, festive, exubérante et diversifiée, Montréal est une destination gastronomique où les plaisirs de la table sont infinis. Grâce à ce circuit en 5 étapes découvrez les dessous inédits de l’histoire culinaire de la ville à travers les bâtiments, les événements marquants et les communautés culturelles qui ont participé à son développement.
LES PÂTES – De la première usine de vermicelli à la Petite Italie
Saviez-vous que l’histoire commerciale des pâtes alimentaires au Canada avait débuté sur la rue Saint-Paul dans le vieux Montréal? Pas si étonnant quand on pense que le Vieux-Port est l’un des principaux points d’entrée des bateaux d’immigrants italiens en Amérique du Nord.
Avant l’arrivée massive par bateaux de travailleurs italiens sur le continent, certains ingrédients emblématiques de la cuisine italienne étaient connus en sol montréalais. Ainsi, le parmesan connu et adopté en France, en Suisse, en Angleterre dès le 17e siècle et peut-être même avant, se taille une place en 1825 dans le premier livre de cuisine publié en français au Canada La cuisinière bourgeoise où on explique comment en faire des viandes en sauce. Le macaroni au fromage (gruyère, parmesan et muscade) est quant à lui relégué à la section « Pâtisserie » entre le gâteau aux amandes et le gâteau de Savoie. Vous avez bien lu, à l’époque on hésitait encore entre le dessert et le plat salé, même si la sauce tomate était déjà connue.
En 1866, le fils d’un marchand de vin originaire de la Lombardie quitte l’Italie pour Montréal afin de fuir l’occupation autrichienne qui déchire son pays. Dès l’année suivante, à peine âgé de 18 ans, Carlo Onorato Catelli fonde avec son frère Pietro la première fabrique pâtes au pays. « Catelli Frères » fabrique alors de façon artisanale des vermicelles et des « macaronis » un long spaghetti creux apparentés aux Bucatini d’aujourd’hui sur la rue Saint-Paul dans le vieux-Montréal métro Places d’Armes.
L’entreprise aurait connu un succès rapide grâce à un contrat pour assurer l’approvisionnement des ouvriers chinois qui travaillent sur les chantiers ferroviaires du Canadien Pacifique. La communauté italienne est en réalité beaucoup plus liée qu’on l’imagine à la construction des chemins de fer au Canada. Saviez-vous qu’Antonio Cordasco, premier parrain de ce qui est devenu la mafia montréalaise, était en fait un employé agent du Canadien Pacifique? Il recrutait les travailleurs du CP jusque dans les campagnes du Sud de l’Italie, parrainant les ouvriers en payant la somme de leur traversée en bateau et se les rendant ainsi redevables financièrement pendant des années.
Afin de lutter contre le système d’exploitation de Cordasco, Catelli fonde une société d’aide aux immigrants italiens en difficulté leur offrant un gîte et des repas. En 1911 la manufacture Catelli & Frères suit le mouvement migratoire de la communauté italienne qui remonte le boulevard Saint-Laurent et déménage dans une usine toute neuve au 305 de rue Bellechasse, Catelli commercialise désormais des spaghettis et autres pâtes qui deviennent très courantes à Montréal au cours des deux décennies suivantes.
Une promenade en descendant la rue St-Dominique vers Bellechasse permet d’admirer l’ancien bâtiment de brique rouge sur lequel on peut encore lire en lettres blanches sur la brique rouge LA CIE C.H. CATELLI LIMITEE métro Beaubien.
Le bâtiment connaît un épisode tragique durant la seconde guerre mondiale alors qu’un matin de 1940 les travailleurs de l’usine soupçonnés de soutenir le régime fasciste de Benito Mussolini sont emmenés par la GRC et internés au camp de Petawawa en Ontario. Conservée en souvenir de cette période trouble, mais aussi à cause de l’artiste de renom qui l’a réalisée, la fresque de Guido Nincheri ornant l’abside de l’Église Notre-Dame-de-la-Défense attire de nombreux curieux et pour cause, on y voit Mussolini aux côtés des archanges et de la Vierge Marie! Métro Jean-Talon
Une fois dans la Petite Italie il ne faut pas manquer les savoureux cannoli de la pâtisserie Alati Caserta une véritable institution dans le quartier, l’espresso de Caffè Italia, les pâtes fraîches de Pacifico Sacchetto ou de Capitol au marché Jean-Talon. Pour une épicerie italienne bien en règle il faut se rendre à la Fruiterie Milano du boulevard Saint-Laurent avant de s’attabler chez Impasto, Moccione ou encore GEMA pour une bonne pizza.
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