Histoire culinaire de Montréal
Histoire de Montréal à travers sa gastronomie, par Amélie Masson-Labonté - STORICA
Ville créative, festive, exubérante et diversifiée, Montréal est une destination gastronomique où les plaisirs de la table sont infinis. Grâce à ce circuit en 5 étapes découvrez les dessous inédits de l’histoire culinaire de la ville à travers les bâtiments, les événements marquants et les communautés culturelles qui ont participé à son développement.
LE POISSON – Des rapides de Lachine au Quartier Chinois
Située en plein cœur du Saint-Laurent, l’histoire de l’île de Montréal est riche en anecdotes sur le thème de la pêche et du poisson. Saviez-vous qu’à une certaine époque la ville était parsemée de cours d’eau dans lesquels les habitants allaient à la pêche pour nourrir leurs familles? Les ruisseaux et rivières de Montréal sont enfouis par la ville au 19e siècle pour des raisons d’hygiène à cause des grandes épidémies de typhus et de choléra qui déciment alors la population. Dans les souterrains du musée Pointe-à-Callière , métro Places d’Armes - on peut encore aujourd’hui aller observer les vestiges de la petite rivière Saint-Pierre qui coulait autrefois à ciel ouvert sous l’actuelle place d’Youville.
Établi sur la rive sud de Montréal, dans son emplacement actuel de Kahnawake depuis 300 ans, le peuple Mohawk autrefois appelés Iroquois, pratique la pêche dans les eaux du Saint-Laurent depuis des temps immémoriaux. Ils ont coutume fumer le poisson, spécialité qui se retrouve d’ailleurs dans un plat nord-américain particulièrement célébré à Montréal : Le bagel au saumon fumé! Pour en déguster la version la plus célèbre en ville, rendez-vous au Beauty’s Luncheonette de la rue Mont-Royal et commandez le Beautys Special. Métro Mont-Royal
L’histoire orale transmise dans la communauté Mohawk raconte qu’autour des années 1900 un pêcheur originaire d’une nation étrangère serait venu enseigner aux hommes de Kahnawake comment pêcher l’esturgeon au filet dans le fleuve Saint-Laurent. Ce poisson osseux à l’allure préhistorique est un véritable monstre, il peut mesurer de 2 à 5 mètres de longueur (entre 6 et 16 pieds!), aussi sa pêche est extrêmement périlleuse. Elle se fait en barque sur les rapides de Lachine, et une force et une adresse considérable sont nécessaires pour remonter au filet ce poisson géant qui se tient dans les bas-fonds du Saint-Laurent. Pour un face à face avec ce « léviathan de l’ère Jurassique » inutile de revêtir une combinaison de plongée, on peut en observer de très beaux spécimens bien au sec, au Biodôme de Montréal métro Viau.
Lors de la signature de la Grande Paix de Montréal en 1701, (à découvrir dans l’exposition Ici a été fondée Montréal au musée Pointe-à-Callière), le peuple Iroquois signe une trêve dans le conflit qui les opposent aux Français. Les Mohawk découvrent alors différentes manières d’exprimer leur bravoure. Au sud du fleuve St-Laurent, les rapides de Lachine que l’on peut admirer lors d’une balade au Parc René Lévesque, constituent depuis toujours un obstacle infranchissable pour les navires qui veulent contourner Montréal. Au 19e siècle, les Mohawk s’illustrent en particulier comme guides pour franchir les rapides de Lachine. À cause de leur connaissance du fleuve, de leur bravoure et de leur agilité, ils sont les spécialistes incontestés de la navigation sur les flots tumultueux. En 1837 et 1906 ce sont les habitants de Kahnawake qui secourent les naufragés des bateaux à vapeurs le « Louis Renaud » et le « Sovereign ». Certains de ces passeurs du 19 e siècle comme Big John Rice (Baptiste Taiaiake) ou Big John Canadian (Sawatis Aiontonnis) deviennent des légendes plus grandes que nature. Big John Canadian exécute même des prouesses téméraires aux festivités du nouvel an et sera pilote sur les eaux du Nil pour le compte de l’armée britannique dans les années 1880!
Une fois leur prise attrapée, les Mohawk de Kahnawake se rendent une fois semaine écouler leur esturgeon dans les marchés du Quartier Chinois à l’angle des rues St-Laurent, Saint-Urbain et de la Gauchetière métro Saint-Laurent. Le Quartier Chinois de Montréal se forme entre la fin du 19e siècle et le début 20e par des travailleurs cantonnais attirés par les chantiers ouvriers du chemin de fer du Canadien Pacifique. Ils arrivent majoritairement de Colombie-Britannique où ils travaillent d’abord dans les mines à l’époque de la ruée vers l’or!
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