La rivière Saint-Charles, témoin de l’histoire
Longtemps utilisée par les Autochtones comme voie de navigation pour se rendre dans l’arrière-pays, la rivière Saint-Charles a joué un rôle important dans l’histoire de la région. En 1535-1536, Jacques Cartier et son équipage, les premiers Français à explorer la région, ont hiverné sur ses rives. À cette époque, la rivière était beaucoup plus large qu’aujourd’hui, et elle servait de port naturel aux explorateurs français. Au fil des siècles, elle a subi de nombreuses modifications.
Au 19e siècle, l’essor du commerce du bois propulse la rivière Saint-Charles sur le devant de la scène. Son estuaire, abrité et profond à marée haute, devient alors un point de stockage idéal pour le bois. Attirés par l’abondance de matériau et sa facilité de transport par bateau, des chantiers navals s’implantent rapidement de part et d’autre de la rivière Saint-Charles tandis que des lotissements sont aménagés sur ses rives pour loger les ouvriers.
Les affaires prospèrent, d’autant plus que les grandes marées printanières et automnales permettent le lancement de gros navires. Au milieu des années 1850, une vingtaine de chantiers navals sont en activité et quelque 2 000 ouvriers sont à leur service.
Vers 1870, l’industrie navale perd du terrain. Les sites abandonnés des chantiers deviennent des emplacements privilégiés pour les industries gourmandes en eau.
L’époque ne se soucie guère de l’environnement : carcasses animales, rejets toxiques, déchets domestiques et même égouts de la ville finissent dans la rivière. Les marées, censées tout emporter, ne suffisent pas à « vidanger » un estuaire deux fois plus large qu’aujourd’hui.
La qualité de l’eau et des berges se dégrade rapidement. Les exhalations de la rivière propagent des maladies et ses rives sont infestées de rats, qui attaquent parfois les passants.
Perçue comme un dépotoir, la rivière Saint-Charles est assainie entre 1969 et 1973. S’inspirant du canal Rideau, à Ottawa, la Ville bétonne ses rives sur quatre kilomètres.
C’est une grave erreur : la Saint-Charles n’est pas un canal, mais une rivière vivante, maintenant étouffée par le béton. Elle continue de subir des déversements d’eaux usées et demeure l’une des plus polluées au Québec. L’embellissement artificiel échoue rapidement.
Cette tentative de modification du lit naturel de la rivière n’est pas la première : à la fin des années 1950, un des principaux méandres de la rivière avait été remblayé pour redresser le lit de la Saint-Charles. On souhaitait ainsi éliminer la boucle autour du parc Victoria.
Heureusement, depuis quelques années, un vaste programme de restauration écologique a permis de redonner à la rivière sa beauté d’antan. Des berges naturelles ont été aménagées, des arbres et des végétaux ont été plantés, et la qualité de l’eau s’est considérablement améliorée.
Aujourd’hui, le parc linéaire de la rivière Saint-Charles offre 32 km de sentier linéaire allant de l’embouchure de la rivière jusqu’à sa source, soit du Vieux-Port de Québec jusqu’au lac Saint-Charles. Fait à noter, la promenade traverse Wendake, le chef-lieu de la nation autochtone huronne-wendat.
Au cœur de la communauté, il est possible d’admirer la chute Kabir-Kouba en toute sécurité grâce aux belvédères qui sont aménagés à proximité.